Ça y est : le gardien de l’immeuble prend une retraite bien méritée, et le syndicat des copropriétaires, au terme de débats houleux autant que passionnés, s’est décidé à conserver le poste. Me voilà donc en quête de la perle rare, à naviguer sur les sites de recrutement, si possible spécialisés.
Le sujet du gardiennage à maintenir est vaste, face au sempiternel argument du « moindre coût » et de la solution « plus souple » qui vise les contrats de sociétés d’entretien. Il est vrai qu’un contrat classique avec une société d’entretien des parties communes peut être peu coûteux, davantage encore si le prestataire est jeune gérant et en mode « startup ». J’ai ainsi pu trouver un contrat proposé à 2500 euros/ mois TTC, pour une prestation globale. Rien de comparable donc à mon gardien fort de ses 20 années d’ancienneté coutant 80 000 euros au syndicat. Allez oui évidemment, comme on dit, il n’y a pas photo. Sauf que… la profession de gardien d’immeuble n’est en rien comparable à celle d’un prestataire de services qui vous place des agents aux missions souvent de courtes durée en raison du turn over de ses salariés ou vous les retire dès lors qu’ils ne donnent pas toute satisfaction. Il est à la mode de parler d’uberisation à tout bout de champs, nous n’en sommes pas très loin. J’entends ceux qui évoqueront la protection des salariés (prévue par l’annexe 7 de la Convention collective des entreprises de propreté ) et qui oblige le prestataire à reprendre l’agent en cas de changement de société ; en effet, vous changez alors d’entreprise mais pas de salarié, or si celui-ci pose problème… La difficulté majeure est de trouver du personnel qualifié, acceptant de travailler à des tâches peu valorisantes (quoiqu’on en dise, je ne connais personne dont l’ambition soit la seule sortie des poubelles …) et souvent peu rémunérées. Et là se dessine le cœur du problème : à rémunération faible, pas de motivation. Les agents cherchent ailleurs et les meilleurs se rarifient sur le marché. En bref, cette solution me semble très adaptée aux petits immeubles comportant de faibles lots, ainsi qu’au tertiaire.
Après ce long plaidoyer en faveur du gardiennage, je vous résume les qualités recherchées. Tout d’abord de l’expérience, car être gardien ne s’improvise pas mais s’apprend. Ensuite un tempérament à la serviabilité autant qu’à l’autorité naturelle : n’oublions pas que si le gardien se doit d’être aimable et souriant, il doit aussi « en imposer » à minima pour faire respecter la bonne entente entre les résidents du site, ainsi que l’application du règlement de copropriété. Enfin, des aptitudes manuelles (bricolages, entretien des espaces verts s’il y en a) et l’amour de la propreté. Cerise sur le gâteau, si le gardien (ou gardienne) a du caractère, cela lui sera utile pour interdire l’accès de la copropriété aux tiers et exceller dans sa mission de surveillance des parties communes.
Il n’est donc pas évident pour un syndic de recruter « le bon » gardien. Depuis la rédaction de l’annonce, en passant par réception des courriers et le dépouillements des CV, jusqu’aux entretiens téléphoniques puis entretiens en présentiel : le recrutement d’un gardien prend du temps et il faut compter plusieurs heures réparties sur plusieurs jours de travail. En terme de statistiques, j’ai reçu pour un seul poste une centaine de CV, et en définitive seule une dizaine de profils correspondaient.
Quelles sont les questions à poser ? Le parcours bien sur, la formation, ce que le salarié aime plus et ce qu’il n’aime pas trop. Il est essentiel d’insister sur la fiche de poste et le salaire, et de réussir à cerner si le tempérament s’y prêtera. Comme tout recrutement, l’entretien est une rencontre humaine enrichissante : il y a autant de profil que de candidats, autant d’histoires que de parcours à entendre. C’est une des missions du syndic importante, et à titre personnel, j’aime cet exercice. Un gardien heureux au sein d’une résidence satisfaite, c’est le commencement d’une nouvelle histoire au sein de la vie de la copropriété. Les gardiens demeurent aussi les maillons essentiels du bien vivre ensemble, ne l’oublions pas !
Merci pour cet article, très juste. Nous avons dans notre copropriété d’une quarantaine de lots un gardien qui nous est devenu indispensable. Il nous rend des services et surtout, il surveille et nous n’avons plus de cambriolages. C’est en effet un poste essentiel au sein d’un immeuble.
Nous avons une gardienne qui s’est récemment faite agressée par des agresseurs qui se sont introduits dans les parties communes. C’est un métier qui requiert beaucoup de résilience au quotidien. Merci pour votre article qui souligne ce métier indispensable.
Si l’embauche du remplacement du gardien pose problème , peut-on organiser une assemblée générale extraordinaire ? Comment ?
Bonjour Tatiana, pour vous répondre précisément, il faudrait savoir ce qui pose problème dans le cadre de l’embauche de votre gardien. Le recrutement du gardien est effectué par le syndic, pour le compte du Syndicat des copropriétaires, qu’il représente. l’article 31 du décret du 17 mars 1967 est clair : «le syndic engage et congédie le personnel employé par le syndicat et fixe les conditions de son travail suivant les usages locaux et les textes en vigueur.
L’assemblée générale a seule qualité pour fixer le nombre et la catégorie des emplois.» une des prérogatives du syndic ».
Dans la forme, c’est bien le Syndicat qui « choisit » son gardien. Dans la pratique, le syndic peut proposer des candidatures et les présenter au Conseil syndical. Le vote de l’assemblée générale n’est donc pas requis sauf en cas de modification, création ou suppression du poste.