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Le quotidien d’un syndic

Quotidien du syndic

Les copropriétaires s’interrogent souvent sur le quotidien d’un syndic. Moi-même, lorsque j’ai débuté ce métier, je n’avais en tête que les assemblées générales auxquelles j’assistais de temps à autre et l’envoi des charges que je recevais trimestriellement. J’étais loin de m’imaginer la course au temps et au compliment que nous exerçons jour après jour, car il faut bien insister sur ces deux points : nous avons moins d’heures dans une journée que de tâches à effectuer, et les compliments se font rares. Pourtant c’est un métier passionnant : tour à tour commercial, administratif, juriste, comptable, technicien, les journées d’un gestionnaire d’immeuble ne se ressemblent guère. Je garde par ailleurs en mémoire l’un de mes anciens collègues aujourd’hui retraité, lequel ne se déplaçait jamais sur ses immeubles parisiens sans sa trousse d’outils, évitant ainsi comme il s’en vantait « de faire payer aux copropriétaires un réglage de groom ou un dépannage de porte ».  Je ne suis pas certaine qu’aujourd’hui ce dévouement soit encore possible, nous ne serions pas assurés si le groom ainsi dépanné venait à casser ! Les temps ont donc changé, mais l’esprit demeure le même :  rendre service, et je dois avouer que malgré les critiques entendues (le syndic est rarement la cible d’éloges publiques), j’ai toujours eu la chance de travailler avec des équipes motivées et plutôt disponibles.

Voici donc, en quelques lignes,  le quotidien d’un syndic, pour une journée sans assemblée générale :

 

9h30 : la journée commence au bureau, si aucun rendez-vous extérieur n’est programmé. Dans notre jargon, les rendez-vous « de chantier » sont les suivis de travaux (ceux votés par l’assemblée générale et impliquant plusieurs intervenants, souvent l’entrepreneur et un maitre-d’œuvre) lesquels ont lieu à l’immeuble concerné, souvent tôt en matinée, ou bien à l’heure du déjeuner. Il n’est pas rare que nous en ayons plusieurs par semaine. Ces rendez-vous sont inclus dans la rémunération forfaitaire du syndic (de 1 à 4% selon la nature des travaux et le tarif négocié) et permettent de suivre l’avancée des travaux, et de les recadrer si besoin est. D’autres rendez-vous sont nécessairement pris tôt le matin, ce sont les visites aux lots d’habitation (fuites, pannes diverses), avant le départ de leurs occupants. D’autres enfin ont lieu le soir, pour les mêmes raisons.

 

10h30 : mon assistante et moi-même avons terminé de relever les messages laissés la veille au soir sur les répondeurs téléphoniques, il y en a généralement une bonne dizaine, dont quelques urgences à traiter immédiatement. Commence alors la course aux dépanneurs (plombiers, électriciens), lesquels sont déjà en route vers leurs interventions programmées et n’ont pas forcément le temps ni l’envie de se précipiter sur un immeuble imprévu. A force de persuasion  nous y arrivons le plus souvent, mais pas systématiquement toutefois ; il nous est alors pénible de devoir annoncer à l’un de nos copropriétaires que son dépannage ne sera réalisé que le lendemain, tandis que nous venons de passer plus de vingt bonnes minutes au téléphone avec l’entreprise X  en vain ! C’est le côté assez ingrat de ce métier, notre client demeurant souvent persuadé que le syndic n’a pas fait l’effort nécessaire. S’il savait…

 

Ce sont ensuite les mails qu’il nous faut traiter, une bonne vingtaine habituellement. Nous recevons des courriels à tout heure du jour et de la nuit.  Il est rare que nous puissions les traiter rapidement ; soit que les demandes nécessitent des recherches approfondies (la résolution d’une assemblée générale d’il y a plus de cinq ans), soit que le téléphone ne cesse de sonner, car les demandes affluent : fuites d’eau, pannes des éléments d’équipement collectifs,  vandalisme ou dégâts des eaux privatif, demandes d’explications relatives aux charges reçues, conseils divers…, chaque jour nous apporte son lot quotidien de demandes  et nous n’avons que quelques heures pour espérer satisfaire une clientèle toujours plus en attente d’un service quasi-immédiat. Le suivi quotidien des travaux apporte lui aussi son lot d’imprévus : tel l’échafaudage du ravalement du 5 rue de la Verdoyante qui est toujours en place, tandis que l’entreprise devait impérativement le déposer en cette veille de vacances scolaires, ou encore le retard de l’entreprise Lafleur qui devait commencer des travaux de remise en peinture ce mardi et m’informe qu’elle ne les commencera qu’en fin de semaine, « si tout va bien ». Appels téléphoniques multiples, énervements passagers, les heures défilent.

 

13h00 : tout juste le temps de prendre un lunch au bureau en une dizaine de minutes, avant de prendre les transports en commun pour me rendre à mes deux rendez-vous de l’après-midi et rencontrer les  membres des conseils syndicaux qui m’attendent sur les immeubles concernés.

 

14h15 : première résidence, visite depuis la cave jusqu’au toit, en passant par le 3ème étage dans lequel un deux pièces est infiltré par la façade ; il me faut évaluer l’origine du sinistre, ses causes, pour décider d’envoyer le bon prestataire (un maçon ou couvreur, selon), et surtout, promettre à la locataire exaspérée la résolution rapide de son sinistre. Il est 15h30, le premier rendez-vous est fini et ma Todolist remplie d’obligations à réaliser sous quinzaine, comme je m’y suis engagée auprès des conseillers.  Je reprends aussitôt la route en direction de mon second immeuble.

 

16h00 : le rendez-vous commence.  Les copropriétaires sont mécontents d’un entrepreneur en lequel, moi-même, je n’ai plus guère confiance. Comment le leur expliquer sans les inquiéter et surtout, sans perdre ma propre crédibilité ? C’est difficile. La réunion tarde, j’essaie de rassurer mes clients. Ils estiment que je ne vais pas assez vite, et que l’entrepreneur est trop cher pour le travail réalisé. Ils en viennent à me demander une restitution des honoraires du cabinet pour lequel je travaille, car comme bien souvent, le syndic est pointé du doigt comme étant « le » responsable des travaux mal exécutés ; je repars en appelant immédiatement le gérant de ladite société et je me dois de le menacer de cesser de travailler avec lui s’il ne reprend pas ses travaux correctement..

 

18h00 : j’arrive tout juste à l’heure à mon conseil syndical de la soirée, dernier rendez-vous de la journée. Cette fois, il s’agit de préparer l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale. Depuis les comptes de l’exercice écoulé – lesquels font l’objet d’un compte rendu parfois très détaillé de la part du président – jusqu’aux travaux d’entretien à prévoir dans les deux prochaines années, tout est abordé dans les moindre détails. Beaucoup de questions me sont posées, notamment sur les comptes : les membres du conseil syndical sont inquiets sur l’augmentation des charges et me demandent des conseils pour les limiter. Je leur expose aussi les travaux nécessaires de mise en conformité de certains biens d’équipement collectif et nous dressons ensemble un planning prévisionnel de travaux pour les prochaines années. Enfin, un point de législation est donné quant aux nuisances de voisinage. Ce long travail préparatoire permettra la tenue d’une assemblée générale synthétique et  ciblée.

 

20h30 : la journée est (enfin) terminée.. et celle de demain arrivera bien vite.

 

 

 


 

 

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